Emploi temporaire court, long, subi ou choisi... Quelles conséquences sur les conditions de travail et le bien-être des salariés ?
En France, les employeurs ont intensifié leur recours aux contrats de courte durée depuis le début des années 2000, accentuant la segmentation du marché du travail et conduisant une partie de la population active à occuper durablement ce type d’emploi.
En mobilisant les enquêtes Conditions de travail 2016 et 2019, cette étude compare les conditions de travail des salariés en emploi temporaire à celle des permanents. Elle mesure également la contribution de ces conditions aux écarts de bien-être subjectif déclaré grâce à la méthode de décomposition d’OAXACA-BLINDER. L’emploi temporaire est distingué selon son type (CDD, intérim), sa durée et son caractère ou non choisi. Le bien-être est appréhendé via trois indicateurs : la satisfaction professionnelle, la satisfaction à l’égard de la vie privée et le bien-être psychologique. Plus exposés à l’imprévisibilité des horaires, à l’insécurité de l’emploi et au manque d’autonomie, les salariés en emploi temporaire sont moins soumis à la pression temporelle, aux conflits éthiques et à la demande émotionnelle à caractéristiques du salarié, du poste et à métier comparables. Leurs conditions de travail sont moins bonnes et leur satisfaction professionnelle moindre que celles des permanents, particulièrement quand l’emploi temporaire est court ou subi. Leur satisfaction à l’égard de leur vie privée est globalement inférieure à celle des permanents quand ils sont en intérim, et comparable quand ils sont en CDD. Enfin, leur niveau de bien-être psychologique à court terme est généralement supérieur. La contribution des conditions de travail aux écarts de bien-être subjectif entre salariés temporaires et permanents varie fortement selon l’indicateur de bien-être considéré ; elle est particulièrement importante dans le cas de la satisfaction professionnelle.