La transition numérique de l'assurance
Cette étude est consacrée à la filière de l’assurance, dont la proposition de valeur consiste à couvrir (et à prévenir) les risques en contrepartie de l’acquittement d’une prime.
La filière de l’assurance est vulnérable face à la transition numérique de l’économie du fait de plusieurs caractéristiques : son intensité en information et en communication, qui la rend plus facile à modéliser et opérer pour les entreprises numériques ; sa réglementation, qui tend à inhiber les efforts d’innovation des entreprises en place et donc à les affaiblir face aux nouveaux entrants ; la rigidité de la chaîne de valeur, qui rend difficile la réactivité face au choc de la transition numérique amorcée en aval de la filière ; en fin, le fait que le marché de l’assurance, large, est en croissance et, à ce titre, inspire de la convoitise aux entrepreneurs de l’économie numérique. Les nouveaux entrants issus de l’économie numérique se sont initialement concentrés sur des propositions de valeur d’information et de comparaison. Le courtage en ligne est d’apparition plus récente et la souscription en ligne est encore balbutiante, sauf sur le marché britannique. Le cantonnement initial de l’innovation sur le maillon transactionnel a limité l’ampleur de la transition numérique de la filière, jusqu’à l’apparition plus récente de nouvelles approches de quantification et même de nouveaux produits d’assurance, issus de l’économie collaborative.
Des tendances lourdes vont probablement accélérer l’afflux des nouveaux entrants, en particulier la réforme du système de santé américain, le développement massif de l’économie collaborative et l’ouverture accrue des données publiques. Les entreprises en place, quant à elles, profitent elles aussi de ces tendances, notamment pour diversifier l’utilisation des données disponibles, renforcer leurs liens avec les assurés et accentuer leurs efforts d’innovation – dans la mesure où leurs systèmes d’information ne brident pas leur agilité.
Au total, la transition numérique de l’assurance est aujourd’hui à un stade intermédiaire. Un rapport de force est déjà tangible entre les nouveaux entrants et les entreprises en place, notamment sur la question de la quantification du risque individuel. Toutefois, la confrontation entre les entreprises en place dans la filière et les géants de l’économie numérique est encore à venir : à ce jour, seule Google a fait son entrée sur le marché de l’assurance en proposant, sur le seul marché britannique, une offre de comparaison des produits d’assurance automobile. Une éventuelle accélération rapprocherait la filière de l’échéance critique : la remontée de la chaîne par les entreprises numériques ayant pris position en aval de la filière, en particulier celles faisant levier des données issues du social networking.