Cette stratégie est née à la faveur d’un consensus contradictoire formé autour du concept de flexisécurité et son impact se trouvera vite limité. L’élan créateur de la SEE partait pourtant d’un constat juste : la nécessité de rééquilibrer le modèle social européen vers plus de social. Mais elle sera vite réduite au respect des grandes orientations macro-économiques et contribuera finalement au développement d’une vision néoclassique du chômage et des impératifs de bonne gestion économique.

L’échec de la SEE vient donc d’une dynamique plus globale qui privilégie systématiquement la perspective économique libérale dans la conception et l’évaluation des politiques. La Garantie jeunesse, mise en place en mai 2013, illustre bien le paradoxe actuel : d’un côté une prise de conscience de l’urgence de la situation sociale en Europe, de l’autre la difficulté à concevoir de nouvelles politiques en dehors du cadre néolibéral.

La crise de l’emploi en Europe est donc celle du modèle social européen en général : sa résolution dépend de notre capacité collective à penser des solutions innovantes (en commençant par exemple par investir dans les emplois verts et blancs) à même de forger un nouveau référentiel socioéconomique.