Les salariés des grandes entreprises face à l'individualisation
de la formation
Cet article interroge la formation professionnelle dans les grandes entreprises. Initialement présentée comme un bien collectif, elle se mue en un droit individuel avec la loi de 2004. L’accès à la formation, s’il dépend des objectifs des entreprises, s’apparente à une « entreprise de conviction » des salariés auprès de leur hiérarchie. Ils doivent défendre un projet de formation qui réponde aux attentes des directions, démontrer une bonne connaissance des moyens à disposition, ainsi qu’une capacité à valoriser leurs compétences, tout en anticipant les possibilités de changements de position. Tout laisse entrevoir le caractère inégalitaire d’une telle conception. Les salariés les plus armés pour emporter l’adhésion sont ceux dont le profil se rapproche du modèle attendu par les responsables. Ceux qui ne correspondent pas à ce profil ont peu de chances de suivre des formations. Face à cette individualisation du rapport à la formation, les organisations syndicales ajustent avec difficulté leur action de défense des intérêts collectifs. (intro)